Rituel Matinal [Crystal]

Invité

Ce matin là, Shawn se réveille dans son Hummer, pleins de courbatures. Il a planqué toute la nuit devant la maison d'un dealer sans voir personne, blasé. Il est 8 heures et demi. Il est comme cassé en deux, il voit un sachet de fast food et une bouteille de scotch vides sur son siège passager, les prends, ouvre sa fenêtre et les balancent sur la rue. Une nuit de plus perdue... Il commence à en avoir marre de courrir après ce dealer, de toute façon il n'avait pas de mandat. Comme si il en avait besoin à chaque fois...

Il baille, se frotte le crâne puis les yeux puis sors une cigarette et l'allume. Il est temps de partir, le dealer ne se montrera pas en plein jour, pas ici. Il sait exactement où lui tomber dessus mais sait que cela sera irrecevable devant un juge. Qu'importe, il en a marre, il ira le sortir de son trou plus tard cette après-midi pour lui montrer que c'est lui le patron, que personne ne deal dans le coin sans son aval. Il sait que son business est plûtôt lucratif et espère bien en tirer un peu d'argent sale en échange de protection policière. C'est comme ça que Shawn a toujours fonctionner, son intérêt avant l'intérêt des citoyens. Protéger et servir... Soi même.

Il démarre son 4X4 et quitte le quartier direction ce café où il prend tous les matins son petit déjeuner en lisant le journal. Une vielle habitude qu'avait son mentor et qu'il lui a transmise. °"On ne commence jamais une journée sans quelques pancakes et en lisant quelques histoires drôles"° lui disait-il toujours... Shawn sourit en le revoyant encore lui dire ça lors de sa période de formation. A vrai dire, son mentor ne commençait déjà pas sa journée sans un verre de vodka. Ce temps là lui manque... A cette époque il ne concevait pas son métier sans un équipier comme son mentor. Les choses ont bien changés...

Il s'arrête en chemin et va acheter le Times avant de remonter pour repartir vers le café. Il jette son journal sur le siège passager et voit le gros titre de la première page: "Une innondation dans le Bronx". Il sourit narquoisement, pensant à ces jeunes Koréenne tuées hier de balles perdues au milieu d'une fusillade. Ca ça 'apparait pas en première page... Les médias... Ils font tout ce qu'il faut pour cacher la brutale vérité de la ville aux citoyens. Seraient-ils capables de la voir de toute façon? En ont-ils seulement envie? Non... New York c'est la ville de tous les rêves. Les gens préfèrent se cacher la vérité et regarder les beaux buildings...

Il arrive au café et descend son journal en main. Il entre fait un signe de salut au gérant qu'il connait bien au point de ne plus être obligé de lui dire ce qu'il prend. C'est automatique: 4 pancakes et un café noir serré. Il va s'installer, retire sa veste pour se mettre à l'aise et laisse apparaître son holster. Les habitués ne sont pas inquieter mais il est vrai que pour des clients ponctuels, un clients portant des armes bien en évidence sur lui peut impressioner...

Il commence à ouvrir son journal et commence comme d'habitude par la page des sports. Zut... Les Knicks ont perdus face à Boston. Il avait parié 80 dollars sur eux, ça commence bien... Les fait divers, maintenant toujours... Le meutre des deux petites koréennes appraiat finalement mais en tout petit, aucune surprise. Tiens... Une photo du maire avec son chef... De bons résultats, -1.4% de criminalités dans notre district... C'est nous qui sommes dans la rue et pourtant on a jamais vu le maire au commissariat...

Le gérant arrive et lui serre son café et ses pancakes, il en mord un et boit son café en passant comme d'habitude aux caricatures et aux histoires drôles. Toujours en dernier... Pour ne pas rester sur les mauvaises choses. Il est interpellé et déconcentré par un enfant qui crie et fait une crise à sa mère, qui semble encore enceinte, pour obtenir une sucrerie.

Shawn replonge la tête dans ces histoires mais n'arrive pas à se concentrer dessus à cause des cris du gamin. Il tape donc sur la table pour l'interpeller et lui fait signe de venir... Le gamin s'approche timidement sous le regard inquiété de sa mère. Ben oui, son fils qui s'approche d'un inconnu qui portent des armes. Shawn attend qu'il soit arrivé à s hauteur et lui sourit

C'est ça que tu veux? dit il en pointant du doigt les sucreries que le gamin réclamait à sa mère. Prends-en une, dit à ta maman que c'est pour moi... Mais s'il te plait sois mignon, arrête de brailler...

Le gamin s'éloigne encore plus intimidé et se précipite dans les jambes de sa maman qui dévisage toujours autant Shawn. Elle finit par le quitter des yeux et prendre une sucrerie pour la donner à son enfant et quitte le café en fixant à nouveau Shawn.

Il soupire et replonge la tête dans son journal.

Hs: Désolée pour ces grands espaces entre les paragraphes...
Un bug de forumactif. Je sais que c'est vraiment pas agréable
à lire, mais j'arrive pas à les enlever ><"

- Mais non mon amour, puisque je te dis que je suis chez ma tante dans le Massachussetts…

- Karl ! Tu n’as PAS de tante dans le Massachussetts ! Où es-tu ?!

- Mais si chérie, ma tante Geanne, du côté de ma mère, souviens-toi, on était allé la voir à l’hôpital…

- Tu mens, Karl. Je le sens, je le sais, tu mens, j’en suis sûre.

- Puisque je te dis que…

Et la femme se mit à hurler. Elle s’époumonait, ne ménageant pas ses cordes vocales. De temps à autres, sa voix montait dans les aiguës. C’était extrêmement désagréable. Le jeune homme s’épongea le front, et écouta sa fiancée en silence, rouge de confusion. Il s’en voulait de l’avoir trompée. Tant pis pour lui.

- Karl ! lança soudainement la femme, s’interrompant dans sa tirade.

- Ou... Oui mon cœur ?

- Comment s’appelle-t-elle ?! Cela ressemblait plus à un ordre qu’à une question.

- Mais… Mais qui… De qui veux-tu parler... Chérie ? bredouilla-t-il.

Il était nul. Vraiment nul. Cet homme trompait sa fiancée depuis plusieurs semaines déjà. Toujours avec une fille différente. Il faut dire qu’il voyageait. Pourtant lui, voulait s’attacher à ses maîtresses. Il leur cachait l’existence de sa fiancée, leur faisait croire qu’il était amoureux. Jusqu’à ce que les filles remarquent l’anneau d’argent qu’il portait à l’annuaire de la main gauche. Cet imbécile, toujours fidèle malgré lui, refusait de l’enlever. Un geste trop symbolique, selon lui. Alors elles le plaquaient sans ménagement, et il se retrouvait de nouveau seul au monde.

- Elle est plus jeune que moi ? Avoue que c'est ça ! J’ai 36 ans et tu me trouves déjà trop vieille ?! ESPECE D'ORDURE !!

Sa fiancée était complètement hystérique. Elle lui menait la vie dure, pauvre homme. Lui n’avait que 28 ans, d’après ce que Crystal avait compris. Qu’est-ce qu’il fichait avec cette femme ? Soit il c’était un mariage arrangé, soit ce garçon n’était vraiment qu’un pauvre imbécile.

- Ecoute Lesly. Je n’aime que toi. Toi, toi, et seulement toi. Je…

- Ça ne t’empêche pas de papillonner à droite à gauche, remarqua l’hystérique de service qui avait l'air d'avoir retrouvé un semblant de calme.

C’était assez. C’était bon, la fiancée en détresse avait fait son petit spitch, elle allait en vouloir à mort au jeune homme. Quand il rentrerait, il y avait environ quatre-vingt dix pourcents de chances pour qu’elle l’accueille un couteau de cuisine à la main. C’était son problème. Il l’avait trompée, il fallait assumer. D’un geste, Crystal s’entortilla dans le drap de son lit, jusqu’à ce qu’il lui fasse une toge pour le moins originale. D’un pas vif, elle contourna le lit, s’approcha du meuble où trônait, une petite loupiotte verte clignotante sur le dessus, le téléphone. Le gars avait mis le haut-parleur, sans le faire vraiment exprès. N’ayant pas réussi à l’enlever, il avait laissé comme cela. Sauf que Crystal dormait profondément lorsque l’hystérique avait appelé. Et que les cris de cette dernière l’avaient fortement agacée. Alors, gracieusement, lentement, elle plia les genoux, et s’accroupit au niveau de la prise de courant. Là, elle planta son regard sombre dans celui de l’homme qui la regardait faire, horrifié. Avec un sourire en coin, Crystal tira sur le fil. La voix de Lesly mourut aussitôt, et le silence se fit pesant dans l’appartement.

Crystal ne s’attarda pas. Elle partit vers la salle de bain, et planta là l’homme blessé de l’intérieur, qui s’était laissé tombé sur le lit, choqué. Douche brûlante, séchage expédié en deux temps trois mouvements, habillage rapide. Une robe blanche en coton qui lui arrivait aux genoux. Simple. Un trait noir sous les yeux, un coup de brosse dans les cheveux, et elle était prête. Le gars était toujours assis sur le lit. Il s’était pris la tête dans les mains, et Crystal aurait juré qu’il pleurait. Elle s’approcha de lui sans faire de bruit, lui tapota l’épaule et lui dit doucement :

- Karl. Cette nuit a bousillé tes projets de mariage et d’enfants avec cette femme. Si tu en trouves une autre, tâches de la prendre un peu moins… bruillante.

Elle posa les clefs de l’appartement sur la table, à côté du téléphone muet. Comment diable la femme avait-elle fait pour obtenir son numéro, à elle ?

- Laisse les clefs dans la boîte aux lettres quand tu t’en vas.

Et voilà. Quinze minutes plus tard, l’homme était dans un bar de la ville à se soûler pour oublier. Les clefs étaient dans la boîte aux lettres. Le téléphone était même rebranché, et le lit était fait. Crystal, elle, était assise à la terrasse du Starbuck. Elle lisait. Le Times. C’était une habitude qu’elle avait prise. Les matins comme celui-là, où elle laissait un homme désemparé chez elle et qu’elle trouvait bizarre de souffrir autant pour si peux, elle venait ici. Elle pouvait passer la matinée là, à boire café sur café, à lire et relire le journal.

Le serveur s’approcha, et lui sourit. Comment s’appelait-il déjà… ? Ce garçon devait avoir seize ou dix-sept ans. Il travaillait au Starbuck depuis peu. Et, à chaque fois que Crystal y venait, il entreprenait de la draguer. C’était amusant, de le voir faire. Mais agaçant, aussi. Il lui avait acheté le Times. Tous les matins, ce garçon achetait le Times. Spécialement pour elle, car lui ne le lisait pas. Crystal ne venait pas tous les jours. Mais il achetait le journal, au cas où. Crystal le remercia d’un simple sourire, qui le fit chanceler. Il s’inclina légèrement, puis lui demanda sa commande. Toujours. Il le savait, pourtant, qu’elle prenait un café serré et des pancakes. Mais rien que pour le plaisir de lui parler, il le lui redemandait tous les jours. Une fois la commande passée, Crystal savait qu’une longue attente suivait. Elle ouvrit le Times, et commença à lire. Par le début. Elle trouvait stupide de commencer par telle ou telle rubrique, si au final, on allait tout lire.

Un gamin hurla tout à coup qu’il voulait une sucette à la fraise et à la pomme verte, celles entortillées sur elles-mêmes, celles où un chewing-gum à la menthe se cachait à l’intérieur. Ce genre de sucettes était vraiment hors de prix. D’ailleurs, la mère du petit refusa tout net de lui en prendre une. C’est intelligent, les enfants. Malin, rusé, vicieux, tout ce que vous voulez. Le petit entreprit alors de brailler de plus en plus fort. Lorsqu’il passa près de Crystal, les tympans de celle-ci faillirent éclater. Les cris de l’enfant frisaient l’ultra-son, c’était assez impressionnant.

Soudain, l’enfant se tut. Et les conversations reprirent, sur la terrasse du Starbuck. Crystal leva les yeux de son journal. Un miracle ? Ah non. Juste un grand gars taillé comme une armoire à glace, un flingue à la ceinture. Une fraction de seconde, le regard neutre de l’homme et celui, étonné, de Crystal se croisèrent. Puis elle revint à son journal, et lui au sien. Cela ne dura pas très longtemps. Bien que peu curieuse d’ordinaire, la jeune femme ne put s’empêcher d’abaisser son journal, et de jeter un coup d’œil vers l’homme qui avait fait taire le gamin. Celui-ci fit de même, d’ailleurs…

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Shawn avait enfin la paix... Ouf! Fichu gamin... Il n'avait jamais aimé les enfants. Il pouvait replonger dans ses histoires débiles mais distrayantes du Times, bu une gorgée de son café et leva les yeux en face de lui pour voir cette jeune fille le regarder... Encore une cliente choqué? Ses armes bien en vue dans son holster sans doute. Peu importe, il avait l'habitude et le gérant aussi d'ailleurs. Il continua de lire ses histoires envoyés par des anonymes à la rédaction du journal. Il se demandait à chaque fois qui pouvait bien séléctionner celles qui seraient publiées, tellement la plupart étaient nulles.

Il attrapa un pancakes pour le porter à sa bouche, ce qui le fit encore lever les yeux vers cette jeune fille installée en terrasse et vît qu'elle le regardait encore... Après le gamin, le regard insistant d'une inconnue allait maintenant le troubler et l'empêcher de lire tranquillement son journal. Encore une petite qui a craqué sur lui se dît-il avec son arrogance et son égo démesurée. Il s'arrêta un moment pour la regarder sérieusement lui aussi, renonçant à sa bouchée de pancakes qu'il reposa du coup, et vît que ce n'était pas un regard charmé, mais plutôt curieux... Qu'est-ce qu'elle veut alors?

Il écarta les bras pour les poser sur le haut de la banquette sur laquelle il était assis et se mettre plus à l'aise, et hocha la tête en souriant et se mordant la lèvre avant de rigoler discrètement. Il était intrigué. Il jetta un oeil sur sa rolex, presque 10 heures, ça va il a un peu de temps avant de se rendre aux affaires internes. Mais l'heure du café était bientôt passée et ça allait être celle de la bière. Si on pouvait décomposer la journée type de l'inspecteur Hainsworth en trois parties on les appelerait: Café, Bière et Scotch. Parfois pas toujours dans le même ordre d'ailleurs...

Il plia son journal, se leva pour remettre sa veste, son bonnet, jeta 10 dollars sur la table et se dirigea vers la sortie et la table de la jeune fille en faisait un petit signe au gérant. Il marcha jusqu'à arriver au niveau de sa table et s'arrêta, regarda devant lui un moment avant de chercher son paquet de cigarette dans ses poches pour en sortir une. Il tourna la tête vers cette fille qui ne le lâchait toujours pas du regard, et la fixa aussi avec un grand sourire arrogant en tappant sur sa clope pour la tasser. Il la mis à la boouche, l'alluma et recracha sa fumée toujours en la regardant avec ce sourire. Elle paraissait jeune, plus jeune que lui en tout cas. Majeure mais pas de beaucoup sans doute.

Après un moment, il la vît rebaisser la tête pour replonger dans son journal, ce qui le fît rire discrètement. Il se dirigea alors vers elle et pris la chaise de sa table en face d'elle pour s'y assoir, pas gêné. La jeune fille le regarda avec de grands yeux alors qu'il tira à nouveau sur sa cigarette pour lui re-sourire en hochant la tête...

Après un moment de silence gênée, il tappa soudainement d'un coup fort sur sa table en s'exclamant Bouh! avant d'être mort de rire en la voyant sursautée. Certains clients installés à côté avaient d'ailleurs eux aussi sursautés. Il l'observa respirer profondemment toujours en rigolant avant d'enfin lui dire

Qu'est-ce qui a? C'est les flingues c'est ça? Je suis flic, c'est bon tu peux décompresser... dit-il toujours mort de rire. Je veille sur les gentils citoyens comme toi effrayés des vices de cette ville. Vous avez bien raison, ça peut frapper à tout moment, comme la foudre, comme je viens de le faire... Ca me fait marer de vous voir autant sous pression...

Il hésita entre détendre l'atmosphère ou partir avec cet air arrogant et sans doute faire perdre un client de plus au gérant. Mais sa journée s'annonçait tellement pourrie qu'il se fichait de tout et se dit qu'un peu d'humour ne ferait pas de mal à ce programme qui s'annonçait peu joyeux pour lui. Il se dit qu'une jeune file comme ça allait être trop intimidée pour lui répondre quoi que ce soit... Déjà les grands animaux après lesquels il passait ces journées à courir l'étaient, alors une jeune fille innocente qui lisait son journal tranquillement à une terrasse de café...